Performance
20mn
Vues de la performance du 14 août 2021, pour le festival A Settimana, Providenza (Corse)
Réalisé avec le soutien des Ateliers Médicis et de Providenza dans le cadre de la résidence Transat.
Extrait sonore de la performance
© Antoine Viviani
Extrait du texte de la performance
© Anna Ternon
«
(...)
Une fois entièrement dévêtue, elle chercha à épouser le plus précisément possible les courbes de la roche. Allongée sur le dos, elle défit la cambrure de son bassin, balança son corps de gauche à droite pour ramollir ses membres, chercha les différents points de contact qui lui étaient offerts par son support. Elle retourna ses mains plusieurs fois, d’abord la paume puis le dos de ses membres vers le ciel et laissa
ses pieds basculer selon leur inclinaison en ouverture.Elle rêvait d’une décomposition solitaire, de s’enfoncer petit à petit dans le sol pour rejoindre la racine des montagnes car le but se trouvait là, dans ce qui fonde les reliefs. Les racines familiales, les racines visibles du vivant,
et puis ensuite?
Dans quelques centaines de milliers d’années, elle remonterait à la surface. Ils seraient nombreux à effectuer ce mouvement vertical.
Juste quelques millimètres par an. Elle se retrouverait en altitude après avoir côtoyé les zones de hautes pressions et de hautes températures. Elle entrerait en liaison chimique avec d’autres minéraux, ensemble ils trouveraient une structure ordonnée pour s’assembler,
pour fonder leur architecture en traversant les différentes strates. D’autres se joindraient à eux sur le chemin changeant le faciès
de l’ensemble. Il serait possible pour quelqu’un qui les ramasserait à la surface de déterminer l’histoire de leur construction, de retrouver l’image transformée en un schéma dont elle n’avait pas idée, ce premier jour sur la roche, l’état initial déduit. De la décomposition des corps,
naissent certaines roches.
Alors que le soleil continuait son ascension, elle faisait tourner une phrase dans sa tête :
Le monde a disparu, le monde a disparu, le monde a disparu…
Le monde a disparu, si tant est qu’il ait jamais existé.
(...)
»
(...)
Une fois entièrement dévêtue, elle chercha à épouser le plus précisément possible les courbes de la roche. Allongée sur le dos, elle défit la cambrure de son bassin, balança son corps de gauche à droite pour ramollir ses membres, chercha les différents points de contact qui lui étaient offerts par son support. Elle retourna ses mains plusieurs fois, d’abord la paume puis le dos de ses membres vers le ciel et laissa
ses pieds basculer selon leur inclinaison en ouverture.Elle rêvait d’une décomposition solitaire, de s’enfoncer petit à petit dans le sol pour rejoindre la racine des montagnes car le but se trouvait là, dans ce qui fonde les reliefs. Les racines familiales, les racines visibles du vivant,
et puis ensuite?
Dans quelques centaines de milliers d’années, elle remonterait à la surface. Ils seraient nombreux à effectuer ce mouvement vertical.
Juste quelques millimètres par an. Elle se retrouverait en altitude après avoir côtoyé les zones de hautes pressions et de hautes températures. Elle entrerait en liaison chimique avec d’autres minéraux, ensemble ils trouveraient une structure ordonnée pour s’assembler,
pour fonder leur architecture en traversant les différentes strates. D’autres se joindraient à eux sur le chemin changeant le faciès
de l’ensemble. Il serait possible pour quelqu’un qui les ramasserait à la surface de déterminer l’histoire de leur construction, de retrouver l’image transformée en un schéma dont elle n’avait pas idée, ce premier jour sur la roche, l’état initial déduit. De la décomposition des corps,
naissent certaines roches.
Alors que le soleil continuait son ascension, elle faisait tourner une phrase dans sa tête :
Le monde a disparu, le monde a disparu, le monde a disparu…
Le monde a disparu, si tant est qu’il ait jamais existé.
(...)
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